La dernière fois, on vous parlait du musée d’Orsay, insolite par son passé. Et cette fois-ci on aimerait vous parler du musée de Cluny à l’ancrage historique sans précédant pour un musée de Paris. Histoire romaine et histoire médiévale s’entremêlent dans l’étude de ce bâtiment, aujourd’hui musée du Moyen-Âge.
LES THERMES GALLO-ROMAINES
Après la conquête de la Gaule, la ville de Lutèce va connaître un développement faste sur la rive gauche au niveau de la montagne Sainte-Geneviève. C’est alors que des thermes vont être construites. Les thermes, que l’on appelle aujourd’hui les thermes de Cluny, sont les plus vastes de Lutèce avec une superficie d’environ 6000m2. Dans la civilisation Romaine, l’hygiène était très appréciée de sorte que ce genre d’endroit faisait partie intégrante des plans d’urbanisme. Tout un procédé codait les pratiques dans ces thermes avec le suivi d’un parcours précis. C’est ainsi que se trouvaient plusieurs salles comme le vestiaire (l’apodyterium), la salle chaude (le caldarium) ou encore la salle froide (frigidarium) qui est la salle la mieux conservée. Cette salle est aujourd’hui un véritable vestige illustrateur de la grandeur et de la technicité de l’architecture romaine. Et si cet endroit a pu rester en si bon état, c’est probablement grâce à sa continuelle utilisation de l’arrêt des thermes vers le IVe-Vème siècle (jardin suspendu puis entrepôt pour le vin, etc.) jusqu’aux fouilles commencées au XIXème.
Les thermes de Cluny, le frigidarium
Les Thermes de Cluny, Alexandra lebon©OPPIC
L’HÔTEL DE CLUNY
L’ordre clunisien est un ordre monastique fondé au Xème siècle. Il fut l’un des ordres religieux les plus puissants du Moyen-Âge. Alors que la volonté de départ était un « retour aux sources » de la religion avec un ordre qui se veut totalement pieux avec un mode de vie austère, cet ordre va finalement s’enrichir et prendre énormément d’ampleur en France et en Europe. Et, avec son apogée au XIIème siècle, le déclin fut extrêmement progressif. L’ordre garde ainsi une influence qui demeura importante jusqu’à sa dissolution totale au XVIIIème siècle.
C’est dans ce contexte que l’hôtel de Cluny fut construit. Au XII-XIIIème siècle, ce qu’on appelle aujourd’hui le quartier latin est en plein développement avec la fondation de nombreux collèges et de l’université de France. C’est alors que le collège de Cluny fut fondé. Les abbés logèrent non loin de là, près des thermes. Et c’est à partir de 1485 que l’hôtel particulier fut construit sous l’impulsion de l’abbé Jacques d’Amboise. Issu d’une riche famille importante, il n’eu aucun mal à faire construire ce bâtiment dont le but était de faire ressortir son statut et de lui donner encore plus d’influence. Mais la destruction des ruines antiques aurait été trop couteuse pour trop peu d’utilité c’est la raison pour laquelle ce bâtiment fut construit de manière à se mêler intimement à celles-ci. L’hôtel est, quant à lui, un véritable vestige de l’architecture médiévale. Certains éléments sont d’ailleurs tout à fait représentatifs du style architectural de l’époque comme l’escalier à vis ou encore comme la chapelle, joyau du style gothique flamboyant.
Escalier à vis de l’hôtel de Cluny
Les voûtes de la Chapelle de l’hôtel de Cluny
LA CRÉATION DU MUSÉE
En 1832, Alexandre Du Sommerard s’installe avec son importante collection d’œuvres du Moyen-Âge dans une partie de l’hôtel particulier. Lorsqu’il meurt en 1842, ce sont à la fois l’Etat et l’architecte Albert Lenoir qui vont œuvrer pour la création d’un musée. En effet, alors que l’Etat acquiert à la fois l’hôtel, les collections et les thermes, l’architecte Albert Lenoir, qui a déjà rénové les thermes quelques années avant, entreprend alors la rénovation de l’hôtel et le conditionne afin d’en faire un musée.
La direction du musée sera alors confiée au fils d’Alexandre, Edmond Du Sommerard. La collection ne cessera d’être enrichie, élargie et repensée. Le musée est d’ailleurs actuellement en pleine transformation avec un projet de modernisation.
Et on vous met ici quelques œuvres emblématiques du musée …
Photo du pilier des Nautes, important vestige de Lutèce – © RMN-Grand Palais / Jean-Gilles Berizzi / Gérard Blot
Le trésor de Guarrazar, VIIème siècle – © RMN-Grand Palais / Gérard Blot
Sculptures de la Cathédrale Notre-Dame, têtes des sculptures des rois de Juda enterrées lors de la Révolution Française afin de les protéger
La plus ancienne rose d’or conservée, elles étaient offertes par le Pape à l’un de ses fidèles
Les Joueurs d’Echecs, vitrail du XVème siècle
O.F