Nous ne l’avions encore jamais abordé mais il paraît pourtant si évident : le sujet de la Seine et de ses ponts qui permettent de lier rive gauche et rive droite ! L’histoire de Paris est rythmée par son fleuve. Quand Paris était encore Lutèce, la ville s’étendait sur l’île de la Cité. Elle s’est ensuite développée de parts et d’autres du fleuve. Paris c’est 13 km de Seine qui séparent la ville en deux et c’est 37 ponts qui relient les deux côtés de la rive. Mais avant d’en arriver là, de nombreux ponts ont vu le jour puis ont été détruits, reconstruits, agrandis…

 

L’ÉVOLUTION DES PONTS PARISIENS

Prenons d’abord le Paris des siècles premiers. Si la ville s’est construite à cet emplacement, c’était justement pour sa position idéale par rapport à la Seine qui permettait une navigation fluviale très importante et appréciée des marins avec leurs bateaux moins robustes de l’époque. Sa position idéale sur l’île de la Cité permettait aussi la défense de Paris grâce aux limitations naturelles que constituait la Seine.

C’est à l’époque des Romains que l’on peut prouver la présence des premiers ponts dans la ville. Il y avait ainsi deux ponts : le Petit Pont et le Grand Pont. Ce Petit Pont – ou du moins l’une de ses nombreuses répliques – existe encore aujourd’hui presque au même endroit que son tout premier ancêtre. Son nom est désormais celui de Petit-Pont – Cardinal Lustiger. Il fait 40 m de long et il a été reconstruit dans les années 1850 avec les travaux Haussmanniens. Le Grand Pont est celui que l’on appelle aujourd’hui le Pont au Change. Il doit son nom à l’installation vers le XIIIème siècle d’orfèvres et de changeurs de monnaie sur ce Grand Pont.

© Parisrues.com

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Mais il faut toujours garder à l’esprit que ces ponts furent détruits à maintes reprises que ce soit par les crues, les incendies ou tout simplement par les effondrements ! C’est pourquoi aucun ponts originaux du Moyen-âge n’existent encore à ce jour. Si aujourd’hui cela peut paraître curieux, à l’époque même l’espace des ponts était utilisé par les commerçants et les maisons. C’est ainsi que de nombreux ponts ne résistaient pas au poids des habitations. Une interdiction a finalement eu lieue au XVIIIème siècle pour les maisons et au XIXème siècle pour les boutiques, donnant ainsi l’unique rôle de passerelle aux ponts parisiens.

A côté de cela, l’urbanisation progressive, l’intensification des échanges et du commerce donnent lieu à une circulation entre les deux rives de plus en plus importante. De nouveaux matériaux et de nouvelles techniques sont ainsi utilisés.

La construction du Pont Neuf fut achevée en 1607. Ne vous fiez donc pas à son nom, il est bien le plus vieux pont de Paris ! Mais son nom faisait référence à sa modernité contemporaine. En effet, aucunes habitations n’ont été construites sur ce pont en pierre qui traverse la Seine entière et des trottoirs bordaient ses deux côtés pour plus de commodité pour les piétons !

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C’est ensuite le Pont Marie qui voit le jour au XVIIème siècle grâce au constructeur Christophe Marie. Puis le Pont Royal qui, comme son nom y fait référence, a été construit sur ordre du Roi Soleil. Le pont de la Concorde a, quant à lui, connu quelques difficultés. Sa construction au XVIIIème siècle a pris plus de temps que prévu puisque, faute de moyens, ce pont en pierre a dû attendre plusieurs années avant d’être terminé. Et ce n’est qu’avec les pierres de la Bastille récupérées après la Révolution Française, que ce pont a pu être achevé.

Le pont et la place de la Concorde vers 1950 © Parisrues.com

Alors que d’autres ponts seront progressivement construits au XIXème siècle, les édifices déjà présents seront renforcés avec de meilleurs matériaux mais aussi élargis pour répondre à la densité du trafic.

Les derniers ponts en date sont le pont Charles-de-Gaulle terminé en 1996 et les deux passerelles Léopold-Sedar-Senghor et Simone-de-Beauvoir. Aujourd’hui, de nouveaux projets de construction sont susceptibles de voir le jour. Mais avec, cette fois-ci, un objectif de faire de ces ponts des endroits de divertissement et de culture plutôt que des endroits de circulation.

Passerelle Simone de Beauvoir © paris1900.lartnouveau.com

L’IMPORTANCE DES PONTS DANS LE PATRIMOINE PARISIEN

Maintenant faisons un zoom sur certains des ponts incontournables de la capitale. S’ils ont tous leurs particularités et leurs histoires, quelques uns sont gravés à jamais dans la mémoire de Paris.

Qui ne connaît pas le pont des Arts ? Celui qui, jusqu’en 2015, fut le passage obligé des amoureux qui voulaient accrocher un cadenas sur les barrières du pont en gage d’amour éternel ! Si cette pratique est désormais interdite pour cause de dommages, ce pont a connu bien avant d’autres tourments. Construit entre 1801 et 1804 sous l’ordre de Napoléon Bonaparte, il est le symbole d’un nouveau matériel de construction : le métal. Mais, pourtant, ce pont n’a pas eu la robustesse attendue. Possédant initialement 9 arches, le pont a rencontré de nombreux accidents de navigation avec des bateaux qui ne parvenaient pas à passer comme ils le souhaitaient. Les deux guerres mondiales sont ensuite passées par là… Et c’est dans les années 1970 que le pont sera interdit d’accès car jugé trop fragile. Pour cause, il s’est effondré en 1979 ! Il est démonté et reconstruit quelques années plus tard, cette fois-ci avec seulement 7 arches.

Pont des Arts, 1888, Léon et Lévy (BnF) © Parisrues.com

Dans le domaine de la fonte, le pont Alexandre III est allé encore plus loin. Entièrement fait de métal, ce pont majestueux figure parmi les plus beaux de Paris. Il fut construit à la toute fin du XIXème siècle par les ingénieurs Jean Résal et Amédée Alby et les architectes Cassien-Bernard et Gaston Cousin. Mais ce pont fascine aussi par sa symbolique : l’amitié et la paix Franco-Russe amorcée par le Tzar Alexandre III et le président de la République Sadi Carnot. Cet édifice est ainsi composé de nombreuses références à l’histoire de France mais aussi à l’Empire Russe.

Le pont Alexandre III vers 1900, © Parisrues.com

Le tout dernier est, quant à lui, très connu pour sa statue de Zouave qui permet de mesurer le niveau de crue de la Seine… C’est bien sûr le pont de l’Alma. Mais figurez-vous que ce Zouave n’était pas tout seul auparavant. Un premier pont de l’Alma avait été construit de 1854 à 1856 sous l’ordre de Napoléon III afin de rendre hommage à la guerre de Crimée et à ses soldats. La statue de Georges Diebolt était alors accompagnée d’un grenadier, d’un chasseur à pied et d’un artilleur. Suite à l’affaissement du pont, celui-ci fut reconstruit dans les années 1970 et seul demeure ce célèbre Zouave. Les autres statues ont été dispersées dans d’autres villes de France.

Le Zouave du Pont de l’Alma, © paris1900.lartnouveau.com

Vous l’aurez compris, l’histoire de Paris s’est construite autour de la Seine et donc autour de ses ponts ! Si nous avons rapidement survolé l’évolution des ponts dans le tissu urbain de Paris, nous vous parlerons prochainement des caprices de la Seine et de ses crues mémorables…

 

O.F.

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